7h 47 pm. La caissière me remet mon reçu. Je me laisse distraire par ses longs cheveux blonds et ses grands yeux d’un bleu hypnotisant. Elle me tend mon sac, mais je n’arrive pas à la quitter des yeux. Elle me fascine. Sa beauté si naturelle lui donne un air charmant. En sortant de la boutique, toujours aussi distrait par cette magnifique jeune fille, je me prends la porte au visage. Je me retrouve sur les fesses, avec un gros mal de tête. Elle ne peut s’empêcher d’esquisser un petit sourire rieur. Gêné comme si je devais faire une présentation orale devant des centaines de personnes, je prends mes jambes à mon cou. Non, mais il faut être idiot pour ne pas avoir vu la porte!
Dehors, il fait froid à s’en geler les os. Mais je n’ai pas le temps de m’en formaliser. J’ai une grosse nuit qui m’attend. Tout en marchant d’un pas rapide, je sors un petit bout de papier de mon sac. 42.07$ pour de la peinture! J’espère qu’elle va propager la joie, cette peinture, et pas seulement me rapporter des ennuis.
9h10 pm. Scrutant l’horizon pour être sûr qu’il n’y a pas de mes bons amis les flics, je me mets au travail. Du jaune pour cette brique, un peu de bleu pour celle-ci. Que de belles couleurs!
2h40 am. Il fait de plus en plus froid. J’ai les doigts bleus, tout comme les yeux de la caissière de tout à l’heure. L’odeur de la peinture me monte à la tête, mais ce n’est pas bien grave. Après tout, j’y suis habitué.
7h31 am. Un dernier détail ici, une retouche par là et je rentre à la maison.
7h37 am. La place est déjà très animée pour cette heure matinale. Les infirmières de nuit quittent leur poste pour laisser la place à celles de jours. Je monte au troisième. Les gens ne remarquent pas mes mains tachées de peinture. Mais dès que je pousse la porte de la chambre E-320, j’ai beau m’être lavé les mains trois fois, elle le remarque quand même. Ça doit être l’habitude. On peut voir dans ses yeux qu’elle n’est pas fière du tout. Sans me justifier, j’entre dans la chambre et je tire le rideau de sa fenêtre. Tout en constatant l’émotion naissant sur son visage, je lui glisse à l'oreille: «Elles ne sentent pas aussi bon que des vraies, mais je t’offre ce bouquet de 31 fleurs peintes cette nuit. Bonne fête, maman!»
Audrey Pageau
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