jeudi 13 décembre 2012

Mon top 5 des livres à dévorer entre deux bouchées de tourtière



Voici une sélection toute spéciale de romans (tous dispos à la biblio du cégep) pour vous divertir sans vous abrutir (parce qu’après avoir passé quatre  heures «scotché» devant Ciné-cadeau, il arrive qu’on ait envie de passer à autre chose…):Daniel Pennac-Au bonheur des ogres-La fée carabine-La petite marchande de proseC’est quoi? Une trilogie policière hilarante avec une galerie de personnages aussi atypiques qu’attachants.

Alexandre Dumas-Les Trois MousquetairesC’est quoi? Un roman d’aventure jubilatoire, raconté par un auteur qui manie la plume comme ses personnages manient l’épée. Du grand divertissement!
Stieg Larson-La trilogie MilléniumC’est quoi? Un roman policier haletant que vous aurez du mal à déposer (tant pis pour matante Agathe qui se plaint de ne pas vous voir assez souvent!).
Carlos Ruiz Zafon-L’ombre du ventC’est quoi? Une intrigue passionnante, un univers tout ce qu’il y a de plus romanesque sur fond de brouillard. Un voyage à peu de frais dans la splendide Barcelone!
Anna Gavalda-Ensemble c’est tout
C’est quoi? Une belle histoire d’amitié. Le destin croisé de quatre éclopés de la vie profondément attachants. Un «feel good book» comme on dit en bon français!
N'hésitez pas à commenter en ajoutant vos suggestions de lecture. Sur ce, je vous souhaite du plaisir à la pelle, et pas trop de neige à pelleter!

Ceci est un faux numéro

Cette fois, contrairement à ses habitudes d'homme rangé et posé, Ebling était décidé à aller voir au Pantagruel. Qui était cette femme à la voix envoûtante? Il savait très bien que les chances de l'approcher étaient minces. Il avait tant fantasmé sur cette femme qu'il était convaincu qu'il allait la reconnaître.

Il était 8h45 quand l'homme se gara dans le stationnement de l'hôtel. Il resta deux ou trois minutes assis à se demander s'il avait fait le bon choix. Il se décida à sortir de la voiture et entra dans l'hôtel. Il pensa soudainement à sa femme et à ses deux enfants. Cette pensée lui fit regretter un instant d'être venu, mais elle se dissipa aussitôt lorsqu'il vit une grande brune entrer dans la salle. Celle-ci portait une élégante robe rouge scintillante à fines bretelles. Ses cheveux étaient légèrement vagués. Elle avait de magnifiques yeux bleus soulignés légèrement par une ligne de crayon noir qui faisait ressortir ses iris saphir. Ebling resta figé à la vue de cet être descendu du ciel. Il la dévorait du regard quand il se rendit compte qu'il avait l'air ridicule. Il se ressaisit et alla prendre une table dans le restaurant de l'hôtel. Il s'assit et attendit patiemment l'arrivée de la supposée Carla.

Quelques minutes plus tard, la même ravissante jeune femme entra. Elle avait l'air de chercher quelqu'un au-delà de la trentaine de clients assis. Son regard se posa sur Ebling. Elle esquissa un sourire des plus radieux puis se dirigea vers l'homme, qui devint les joues écarlates.

-Enfin, te voilà, ricana-t-elle. Elle s'assit.
-Eh oui. Pourquoi aurais-je manqué une occasion pareille de ren... Eh, je veux dire de passer du temps avec une femme aussi splendide, dit maladroitement Ebling, surpris que ce visage angélique soit dirigé vers lui.
-Eh bien, mon cher Ralf, reprit-elle. C'est totalement fini entre toi et Katja?
-Oui, ne t'en fais pas avec ça, c'est une folle de toute façon...
-Je suis tellement contente que tu sois tout à moi!, s'exclama-t-elle.
La jeune femme avait le regard aussi brillant qu'un soleil de mi-juillet. Cela donna une réaction gênante à Ebling. Il dut rester assis pour faire baisser la pression.

Carla s'avança vers lui et l'embrassa. Des images apparurent soudainement dans la tête d'Ebling: deux hommes à l'allure massive le tenant pour l'empêcher de partir, puis la vie d'un autre homme défilant devant ses yeux, lui rappelant qui il était réellement. Son vrai nom n'était pas Ebling, mais Ralf Greifenberg. On lui avait fait perdre la mémoire pour des tests scientifiques et on lui avait donné une nouvelle vie. Elke était en fait une mère monoparentale dont le mari l'avait abandonnée depuis plus d'un an. Quant au téléphone, il avait simplement réactivé accidentellement certaines fonctions lors de son achat, d'où les appels destinés à Ralf.

Sarah Perron, groupe Vert

mardi 4 décembre 2012

Aventure

Après cette nuit-là, Ebling repensa à son rendez-vous au Pantagruel avec cette femme inconnue et décida de s'y rendre. Il arriva donc au restaurant à l'heure prévue, dit à l'hôtesse qu'il avait une réservation au nom de Ralf et s'assit devant cette parfaite étrangère. Il pensa alors qu'elle lui demanderait qui il était, mais étonnamment, elle ne dit rien.

Au cours de la soirée, il comprit que Ralf s'était inscrit sur un site de rencontres et que lui et elle s'étaient échangé leur numéro, sans plus. Il se débrouilla quand même assez bien pour lui faire croire que, comme tout le monde, il avait écrit de fausses informations sur lui à son sujet pour que la femme oublie qu'il ne ressemblait pas du tout à la photo et à la description de Ralf sur le site. Elke croyait que son mari était à une formation pour le travail à 6 heures de route et qu'il dormirait à l'hôtel. Ebling avait donc toute la nuit devant lui pour être avec cette femme. Étrangement, puisqu'il se faisait passer pour Ralf, il n'avait pas du tout l'impression de tromper sa femme. Il prit plaisir à la charmer et cela réussit assez bien puisqu'elle le ramena à son appartement pour passer à l'acte.

En plein milieu de leur folle aventure, le téléphone de la femme sonna. Le numéro de Ralf apparut sur l'afficheur. Ebling comprit alors qu'il était temps de partir avant que la femme ne devienne hystérique et que Ralf découvre qu'un homme se faisait passer pour lui. En sortant, il jeta son téléphone par terre et l'écrasa avec sa chaussure.

Élizabeth Dionne-Huneault, groupe Orange

Le secret

Ebling aimait bien prendre goût à ce jeu. Le sentiment de «voler» la vie d'un autre homme l'enchantait. Sa vie médiocre, la routine qu'il avait depuis des années, tout ça laissait enfin place au jeu et à l'excitation chaque fois que le téléphone sonnait. Il ne connaissait presque rien de la vie de Ralf, mais il était sûr d'une chose: elle était bien plus trépidante que celle de pauvre technicien qu'il menait. Il voulait que ça change. Et il voulait connaître Ralf!

 Il attendit plus de deux jours avant que le téléphone ne résonne à nouveau. Le coeur battant, la respiration saccadée comme celle d'un marathonien, il répondit:

-Allo?
-Ralf? C'est Benoît. Ça fait un bail!
-Oui, comment tu vas?
-La grande forme! J'ai entendu dire que tu allais être présent au souper bénéfice samedi?
Ebling hésita une seconde. Depuis plusieurs semaines, il prenait plaisir à se faire passer pour Ralf, mais avait-il envie de le jouer au point d'aller là-bas et de trouver la réponse à la question qui le hantait?
-Oui, bien sûr que j'y serai!, lança-t-il finalement. Pourrais-tu juste me redonner l'heure et le lieu du souper, s'il te plaît?
-C'est au Feu Follet, le grand restaurant chic au centre-ville. Sois là à 19h.
-D'accord. On se voit samedi, Benoît!

Aussitôt la conversation terminée, Ebling se laissa tomber sur le fauteuil. Il allait enfin savoir... Toute la semaine, il n'avait presque pas fermé l'oeil. Le grand moment arriva. Il enfila son plus beau veston et se dirigea vers le restaurant le plus réputé en ville.

18h50. Ebling était devant la porte, impatient de voir le fameux Ralf. Une grosse Mercedes noire se stationna devant la porte. Deux hommes en sortirent. C'est alors que le cellulaire se mit à sonner. Aussitôt, les deux grands gaillards se dirigèrent vers Ebling et avant même qu'il ne puisse bouger, il était assis à l'arrière de la Mercedes. Un homme aux cheveux poivre et sel le regardait.
-Alors, pour qui travailles-tu? Le FBI, la CIA, Interpol? Pourquoi tu te fais passer pour moi?
-C'est une erreur, monsieur, j'ai acheté un cellulaire et...
-Arrête de pleurnicher, je ne crois pas un mot de tes sornettes. On ne se moque pas ainsi du parrain de la mafia...

Jonathan Deschênes, groupe Rouge

lundi 3 décembre 2012

L'homme qu'il aurait toujours voulu être

Les doigts d'Ebling tremblaient. Il n'en croyait pas ses yeux. Ce qu'il venait de voir dépassait toute attente et de toute sa vie, il n'avait jamais été aussi angoissé. À la télévision, on parlait encore d'un réseau de la NSA qui aurait subi le plus grand échec de l'histoire des services secrets.

Un certain Ralf Baldwin, directeur de projet sur un coup prévu depuis des années, aurait abandonné le projet du jour au lendemain, ce qui eut des conséquences inimaginables. Cela aurait incité son frère, impliqué dans l'affaire, au suicide, causé le meurtre de son ex-femme, complice du cartel de drogue que la NSA essayait de faire tomber et, pour finir en beauté, aurait produit l'annulation d'un contrat de vente de plusieurs centaines de millions de dollars en minéraux servant à sauver l'économie des États-Unis.

L'accusé était présentement détenu à la prison de la ville de Worcestershire, en Grande-Bretagne, et serait transféré en Amérique pour un jugement qui, selon les médias, devrait être la peine de mort. Ralf Baldwin niait pourtant les faits en accusant son téléphone portable d'avoir été utilisé par un autre individu. Cette déclaration n'avait pu être validée à cause d'un manque de preuves.

Au moment même où Ebling se leva pour prendre son téléphone et contacter les médias, un bout de métal froid et dur de forme circulaire se pressa contre sa nuque. Tout ce qu'Ebling entendit avant de s'écrouler sur le sol fut ce qu'il aurait voulu entendre durant toute sa misérable vie: «Tu auras été la personne la plus importante sur ce projet, Ebling. Bon travail!»

Cédric Normand, groupe Bleu