jeudi 13 décembre 2012

Ceci est un faux numéro

Cette fois, contrairement à ses habitudes d'homme rangé et posé, Ebling était décidé à aller voir au Pantagruel. Qui était cette femme à la voix envoûtante? Il savait très bien que les chances de l'approcher étaient minces. Il avait tant fantasmé sur cette femme qu'il était convaincu qu'il allait la reconnaître.

Il était 8h45 quand l'homme se gara dans le stationnement de l'hôtel. Il resta deux ou trois minutes assis à se demander s'il avait fait le bon choix. Il se décida à sortir de la voiture et entra dans l'hôtel. Il pensa soudainement à sa femme et à ses deux enfants. Cette pensée lui fit regretter un instant d'être venu, mais elle se dissipa aussitôt lorsqu'il vit une grande brune entrer dans la salle. Celle-ci portait une élégante robe rouge scintillante à fines bretelles. Ses cheveux étaient légèrement vagués. Elle avait de magnifiques yeux bleus soulignés légèrement par une ligne de crayon noir qui faisait ressortir ses iris saphir. Ebling resta figé à la vue de cet être descendu du ciel. Il la dévorait du regard quand il se rendit compte qu'il avait l'air ridicule. Il se ressaisit et alla prendre une table dans le restaurant de l'hôtel. Il s'assit et attendit patiemment l'arrivée de la supposée Carla.

Quelques minutes plus tard, la même ravissante jeune femme entra. Elle avait l'air de chercher quelqu'un au-delà de la trentaine de clients assis. Son regard se posa sur Ebling. Elle esquissa un sourire des plus radieux puis se dirigea vers l'homme, qui devint les joues écarlates.

-Enfin, te voilà, ricana-t-elle. Elle s'assit.
-Eh oui. Pourquoi aurais-je manqué une occasion pareille de ren... Eh, je veux dire de passer du temps avec une femme aussi splendide, dit maladroitement Ebling, surpris que ce visage angélique soit dirigé vers lui.
-Eh bien, mon cher Ralf, reprit-elle. C'est totalement fini entre toi et Katja?
-Oui, ne t'en fais pas avec ça, c'est une folle de toute façon...
-Je suis tellement contente que tu sois tout à moi!, s'exclama-t-elle.
La jeune femme avait le regard aussi brillant qu'un soleil de mi-juillet. Cela donna une réaction gênante à Ebling. Il dut rester assis pour faire baisser la pression.

Carla s'avança vers lui et l'embrassa. Des images apparurent soudainement dans la tête d'Ebling: deux hommes à l'allure massive le tenant pour l'empêcher de partir, puis la vie d'un autre homme défilant devant ses yeux, lui rappelant qui il était réellement. Son vrai nom n'était pas Ebling, mais Ralf Greifenberg. On lui avait fait perdre la mémoire pour des tests scientifiques et on lui avait donné une nouvelle vie. Elke était en fait une mère monoparentale dont le mari l'avait abandonnée depuis plus d'un an. Quant au téléphone, il avait simplement réactivé accidentellement certaines fonctions lors de son achat, d'où les appels destinés à Ralf.

Sarah Perron, groupe Vert

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